Paris

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Introduction

Bienvenue dans une exploration du monde et du quotidien écrite par la lumière et ses ombres. Une large partie des photographies présentées ici ont été réalisées en argentique, mêlant le grain du film à la texture de l'image. Entre voyages et scènes de rue, ce site est une invitation à regarder autrement, sans l'artifice de la couleur, la structure des éléments qui nous entourent et parmi lesquels on évolue sans plus les voir. Les peintures, réalisées sur papier et dans un format proche d'un tirage photographique, jusqu'au 40x50, par l'abstraction de ses sujets, abordent la couleur et l'informe. Le développement des films, les tirages sur papier au moyen d'un agrandisseur Meopta 6x9. Les numérisations sont réalisées au moyen d'un scanner à plat. Certaines photographies argentiques ont été mises en ligne après une numérisation du négatif au moyen d'un scanner Nikon Coolscan V.

Le port du Havre

Photographies réalisées avec un Mamiya 6X6 C330-S Pro + Sekor 2,8/80, Film Ilford FP4, Tirages sur papier Ilford Galerie. Numérisation des tirages avec un scanner Epson.





























































Tout a commencé par une sensation de déréalité, aiguë et familière, une envie d'ailleurs, de solitude, l'appel de la mer, une sensation indicible de matières, de structures, une épaisseur palpable et brute, quelque chose de structurel et fort. Une envie d'étendue, un lieu occupé et désert à la fois, où tout à un sens, mais sans évidence, une débauche d'espace, un luxe d'écartement hors de ses lieux denses et surpeuplés ou les hommes s'entassent à la verticale. Une sensation vraie.

La carte routière ouverte, je cherchais un lieu de fuite, et le port du Havre s'imposa, malgré les deux heures de route qui m'en séparaient.

Je préparai hâtivement mon sac, rassemblai sans discernement tout le matériel et films dont je disposais, et l'ensemble entassé dans le coffre de ma petite voiture, je me ruai vers l'autoroute A13 en direction de ce lieu qui m'appelait de toute urgence.

Sur place, j'ouvris mon sac et optais immédiatement pour le format carré de mon moyen format, délaissant les 24x36 emportés comme par acquis de conscience.

Le port s'offre à soi dès qu'on y pénètre, mais reste plein de réserve et de secrets à découvrir. Des endroits privés et interdits d'accès bien sûr, mais tant d'autres espaces à parcourir, tant d'immensités ou le regard s'évade, l'imagination bouillonne, l'envie de voyage ne nous quitte plus, l'envie d'embarquer sur l'un de ses obscurs cargos en partance pour tant de destinations à travers le monde dont nous sommes tout à coup citoyen, donc apatride. Ce parfum du large et de mazout mêlé, c'est la promesse de mille parfums d'ailleurs. Un espace où l'on se sent en transit. Ce n'est plus tout à fait le continent, ce n'est pas encore la mer et ses embarquements, c'est une zone de passage entre deux vies, un seuil.

La mer ne s'ouvre pas tout de suite aux visiteurs. Il faut auparavant traverser de vastes étendues de stockage, de dépôts, des lieux de croisement, de transbordement, d'attente. Des bureaux, des parkings, d'imprenables hangars. Et toute sorte de lieux mystérieux, parfois témoignage d'un passé proche et détournés de leur objet initial.

Le port du Havre, ce sont des volumes impressionnants et monolithiques, des hauteurs et des profondeurs insoupçonnées, au détour d’une carcasse gisante, d'un hangar clos, d'un bâtiment énigmatique. Dans son immensité, le port se confond avec la ville au loin, une mer protéiforme, un ciel changeant qui se noie dans une ligne d'horizon incertaine.

Pas de végétation dans ces lieux ou si peu. Le port reste un lieu de passage entre la terre et la mer inventé par l'homme pour l'homme et ses activités mercantiles. Un lieu d'où les bateaux s'élancent et sillonnent toutes les mers du globe, un globe ou il ne reste plus de mers à découvrir, où la nature reprends parfois ses droits d'une façon violente et meurtrière. Des mers souillées par l'homme lui-même. Pourtant, prendre la mer reste une aventure, humaine et naturelle…

Je retournais plusieurs fois en ces lieux. Ce spectacle vivant et désolant à la fois, au-delà de cette source de création, au-delà de son aspect visuel, reste un formidable lieu de réflexion, d'ouverture, de découverte, de curiosité et d'épanouissement. Un lieu ou l'on comprend que l'on ne peut pas tirer que de soi tout ce qui remplit sa vie, un remède au solipsisme. Un monde entre deux rives.

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